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samedi 2 avril 2016

Buvard de Julia Kerninon


Je viens d’achever le livre de Julia Kerninon qui m’avait été conseillé par une libraire et qui a reçu de nombreux prix mais, hélas, je ne peux cacher ma déception : je n’ai pas cru une seule seconde à cette histoire que j’ai trouvée complètement invraisemblable, truffée de clichés et dont l’écriture m’a semblé dépourvue d’originalité et bourrée de lieux communs. Je suis peut-être d’autant plus déçue que je m’attendais à une oeuvre vraiment intéressante… En plus, le sujet avait tout pour me plaire…
Lou, jeune homme fasciné par les livres de Caroline N. Spacek, lui a demandé l’autorisation de la rencontrer afin de l’interviewer. Cette dernière est quelqu’un de mystérieux, les journalistes ont du mal à l’approcher et elle ne se rend pas aux séances de signatures… Et pourtant notre jeune narrateur restera chez elle,  neuf semaines, dans cette maison de campagne anglaise « baignée de lumière pratiquement toute la journée ». Cette femme revient de loin : elle a vécu son enfance sur un terrain vague auprès d’une mère obèse et d’un père alcoolique. Vers l’âge de dix-huit ans, alors qu’elle travaille dans un café, elle est remarquée par un homme, Jude Amos, le grand poète, qui lui demande de partir immédiatement avec lui. Elle deviendra sa secrétaire. Elle accepte et part. Des nuits et des jours, elle tape les textes de monsieur et finit par les retoucher. Alors Jude lui demande d’apprendre à écrire correctement, lui fait lire le dictionnaire et finit par partir, vaguement vexé d’être dépassé par son élève. Caroline écrit et publie : tout le monde s’arrache ses livres. Elle rencontre d’autres hommes mais reste amoureuse de Jude qui devient le destinataire implicite de toutes ses oeuvres. Cherchant à l’oublier, elle parcourt l’Europe : « A Venise, je sortais les nuits de grande marée marcher avec des bottes en caoutchouc dans les rues inondées. De là, j’ai pris le train de nuit pour Budapest, où j’ai lavé mon corps dans les saunas brûlants…. » Pour moi, tout cela fait trop carte postale…
Quant au narrateur, lui aussi revient de loin : un père alcoolique et violent qui n’a pas supporté l’homosexualité de son fils. Heureusement, ce dernier a rencontré sur le bord de la route un amant fortuné, Piet, qui l’autorise à rester neuf semaines chez Caroline et qui l’attend bien patiemment, lui conseillant de ne pas brusquer la dite Caroline en voulant lui soutirer trop d’informations : « -Reste là-bas, Lou. Appelle s’il te faut quoi que ce soit, et fais signe quand tu veux rentrer, d’accord ? » Il y en a qui savent aimer ! Piet a su l’arracher à sa famille de misère, l’a inscrit à l’université et lui a fait découvrir les livres de Caroline… Vous me suivez ?
Non, décidément, trop c’est trop ! Encore une fois, je n’ai pas cru une seconde à cette Caroline, auteur jeune et géniale, qui écrit « assise dans l’escalier, une Chupa Chups dans la bouche. »

Un deuxième texte de Julia Kerninon m’attend sur ma table de nuit, je croise les doigts !

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