Je viens d’achever le livre de
Julia Kerninon qui m’avait été conseillé par une libraire et qui a reçu de
nombreux prix mais, hélas, je ne peux cacher ma déception : je n’ai pas
cru une seule seconde à cette histoire que j’ai trouvée complètement invraisemblable,
truffée de clichés et dont l’écriture m’a
semblé dépourvue d’originalité et bourrée de lieux communs. Je suis peut-être
d’autant plus déçue que je m’attendais à une oeuvre vraiment intéressante… En
plus, le sujet avait tout pour me plaire…
Lou, jeune homme fasciné par les
livres de Caroline N. Spacek, lui a demandé l’autorisation de la rencontrer
afin de l’interviewer. Cette dernière est quelqu’un de mystérieux, les
journalistes ont du mal à l’approcher et elle ne se rend pas aux séances de
signatures… Et pourtant notre jeune narrateur restera chez elle, neuf semaines, dans cette maison de campagne
anglaise « baignée de lumière pratiquement toute la journée ». Cette
femme revient de loin : elle a vécu son enfance sur un terrain vague
auprès d’une mère obèse et d’un père alcoolique. Vers l’âge de dix-huit ans,
alors qu’elle travaille dans un café, elle est remarquée par un homme, Jude
Amos, le grand poète, qui lui demande de partir immédiatement avec lui. Elle
deviendra sa secrétaire. Elle accepte et part. Des nuits et des jours, elle
tape les textes de monsieur et finit par les retoucher. Alors Jude lui demande
d’apprendre à écrire correctement, lui fait lire le dictionnaire et finit par
partir, vaguement vexé d’être dépassé par son élève. Caroline écrit et
publie : tout le monde s’arrache ses livres. Elle rencontre d’autres hommes
mais reste amoureuse de Jude qui devient le destinataire implicite de toutes
ses oeuvres. Cherchant à l’oublier, elle parcourt l’Europe : « A
Venise, je sortais les nuits de grande marée marcher avec des bottes en
caoutchouc dans les rues inondées. De là, j’ai pris le train de nuit pour
Budapest, où j’ai lavé mon corps dans les saunas brûlants…. » Pour moi, tout cela fait trop carte postale…
Quant au narrateur, lui aussi revient
de loin : un père alcoolique et violent qui n’a pas supporté
l’homosexualité de son fils. Heureusement, ce dernier a rencontré sur le bord
de la route un amant fortuné, Piet, qui l’autorise à rester neuf semaines chez
Caroline et qui l’attend bien patiemment, lui conseillant de ne pas brusquer la
dite Caroline en voulant lui soutirer trop d’informations : « -Reste
là-bas, Lou. Appelle s’il te faut quoi que ce soit, et fais signe quand tu veux
rentrer, d’accord ? » Il y en a qui savent aimer ! Piet a su
l’arracher à sa famille de misère, l’a inscrit à l’université et lui a fait
découvrir les livres de Caroline… Vous me suivez ?
Non, décidément, trop c’est
trop ! Encore une fois, je n’ai pas cru une seconde à cette Caroline,
auteur jeune et géniale, qui écrit « assise dans l’escalier, une
Chupa Chups dans la bouche. »
Un deuxième texte de Julia
Kerninon m’attend sur ma table de nuit, je croise les doigts !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire