Éditions du Rouergue
D’abord, si l’action se passe
dans la Creuse, le Massif Central ou la Basse-Normandie, je prends. L’exotisme
ne me séduit pas spécialement, je n’ai jamais mis un pied en Amérique ni en
Chine. Les polars sous la neige me fatiguent. Le sud ne m’attire pas du tout. A
la limite, j’accepte la Belgique et encore… (Vous apprécierez l’ouverture
d’esprit !) Et après, je me vante d’être pro-européenne…
Alors, le dernier livre de David Patsouris :
Ainsi débute la chasse
remporte haut la main la première manche : en effet, l’action se passe à…
(roulements de tambour) : Royan et Royan en ces termes (attention, on
décolle) : « Royan n’a pas
changé. Royan reste Royan, avec ses immeubles à retraités, ses ronds-points
fleuris qui plaisent tant aux retraités, sa plage réensablée chaque année pour le plus grand bonheur des retraités, ses
innombrables pharmacies à retraités, ses magasins de déco qui occupent tant les
retraités, ses banques où les retraités mettent leur pognon, ses hypermarchés
où traînent les retraités, ses restos typiques, standardisés et si chers pour
piquer le maximum de blé aux retraités et ses maisons de la presse où les
retraités viennent acheter leur journal de retraité. Non, Royan n’a pas
changé : une ville de retraités bouffée par la promotion immobilière et
l’allongement de la durée de la vie. » Pas mal, hein, cette petite
mise en bouche ! Le lieu est planté et cette citation va me permettre d’aborder
un deuxième critère : j’aime le polar social, sociétal comme on dit
maintenant, le polar qui a les pieds englués dans notre époque… alors là, je me
suis régalée avec le Patsouris parce qu’on est plongé dans des histoires
politico-immobilières bien juteuses pour ceux qui sauront se placer, quitte à
effrayer, menacer, faire chanter ou dégommer ceux qui gênent… Du vécu !
Troisième point : le
personnage : flic ou truand. Ici pas de flic mais un truand méchant, un
tueur, c’est comme ça qu’il se définit et qu’il se déteste. Parce qu’il se
déteste. Être du côté du mal, il en a assez. Ses nuits sont ruinées par ses
morts qui viennent lui parler et notamment un certain vigneron de Cognac qu’il
a autrefois défoncé avec une batte de baseball, un syndicaliste viticole du nom
de Bellion qui revient lui parler tous les soirs : « Charly, t’as gagné combien pour me tuer ? Charly, as-tu
pensé à mes gosses ? A ma femme ? »
Et Charly dort mal, très mal.
Suite à ce meurtre, il a dû quitter la région et s’éloigner, en Martinique,
pour se faire oublier. Longtemps. Puis, il est revenu et de nouveau, c’est
reparti et Bellion continue à hanter ses nuits.
A son retour, il a rencontré
Véroncle, un pourri de chez pourri : « Véroncle est officiellement un gentil consultant. Véroncle est
officieusement un pur fils de pute. Son job, officiellement, c’est la
communication, la promotion, les relations publiques. Son job, officieusement,
c’est l’extorsion, la corruption, la pression. » Véroncle le manipule
et s’amuse avec lui. Jusqu’où ? Véroncle n’a aucune limite, Charly non
plus.
Donc, mon truand (ou mon flic)
pas trop bien dans ses baskets et dans la société pourrie dans laquelle il
baigne et qui aurait besoin d’une overdose de vacances… je l’ai !
Ben voilà, j’ai tout :
Royan, un monde politique archi corrompu et un truand dur et tendre, bien mal
dans sa peau…
Et dernière chose… (et souvent,
on court après) : l’écriture. Un travail de l’écriture, un vrai, ce n’est
pas si courant que ça dans le roman policier ! Eh bien ici, certains passages
ont la beauté d’un poème, ils envoûtent, enflamment, fascinent complètement le
lecteur, on se laisse littéralement ensorceler. On n’est pas loin du slam dans
le rythme. Très prenant !
C’est pourquoi, mes chers
lecteurs, je ne peux que vous recommander ce roman noir que vous allez dévorer
en moins de deux parce qu’il y a un suspense terrible, parce que je ne vous ai
pas tout dit et qu’en réalité, c’est encore bien mieux que ça !
Juste une chose encore, si vous
avez des titres qui correspondent aux critères énoncés ci-dessus, n’hésitez
pas !
Bordeaux, l'Aquitaine, c'est pas trop au sud ? Parce qu'alors je te conseille Après la guerre ou Prendre les loups pour des chiens d'Hervé Le Corre.
RépondreSupprimerBelle mise en bouche, je prendS !
RépondreSupprimerJ'ai lu Prendre les loups pour des chiens que j'ai beaucoup aimé mais il me reste à découvrir Après la guerre. Merci pour le conseil en tout cas! Et pour Sandrine, il ne faut pas hésiter, j'attends ton avis avec impatience !
RépondreSupprimerOups ! Je viens de me rendre compte que tu avais effectivement lu Prendre les loups pour des chiens, et j'avais même laissé un commentaire sur ta chronique. Perdrais-je la tête ? Après la guerre est excellent.
SupprimerBonne critique, très juste ! Et je pense que le prochain sera encore meilleur !
RépondreSupprimerAh bon... parce que tu as des infos? Attention, on ne va pas te lâcher, tu nous mets l'eau à la bouche !
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