Édition du Rouergue
★★★★★ (J'adoooooore!)
Permettez-moi
de ne pas être objective.
Parce
que Marie-Sabine Roger et moi, depuis plus de quinze ans maintenant,
nous vivons une belle histoire d'amour. (Elle va être surprise en
l'apprenant…)
Oui,
Marie-Sabine Roger est pour moi comme… Philippe Jaenada, Antoine
Bello, Jean-Paul Dubois, Emmanuelle Bayamack-Tam, Marie-Hélène
Lafon, Martin Winckler, Gaëlle Josse et quelques autres encore...
Ce
sont mes petits chéris, on n'y touche pas. Je les défendrais bec et
ongles contre la terre entière si la terre entière venait à les
égratigner.
En
trois mots : je les aime. J'aime leur langue, leurs mots, leurs
phrases, leurs personnages, leurs histoires. J'aime quand ils me
parlent d'eux et des autres. Je suis comme un vieux chien fidèle :
je reconnais leurs textes à dix kilomètres à la ronde. Ils me font
rire, ils m'impressionnent par leur incroyable imagination, leur
folle invention. Et surtout, je sens chez chacun d'entre eux une
telle humanité qu'il me semble que leurs livres vivent d'une vie
autonome.
Il
m'arrive de les croiser, lors de salons littéraires, jamais, au grand
jamais, je ne m'approche pour leur parler. Je risquerais de
m'évanouir. Oui, je suis comme ça. Au dernier Salon du Livre de
Paris, j'ai admiré de loin mon grand nounours de Jaenada. J'enviais
tous ceux avec qui il discutait. Je suis incapable d'adresser un mot
aux gens que j'admire. Ou alors, rouge comme une tomate et
vacillante, je bafouille péniblement trois banalités et je m'en
veux pour le reste de la journée.
Voilà.
Donc,
Marie-Sabine Roger, je l'aime.
Et
j'aime son dernier roman, bien sûr.
Parce
que c'est du Marie-Sabine Roger pur jus.
Que
je vous raconte (pas tout, évidemment!)
C'est
l'histoire d'une fille aux « bras pantins nerveux »
et aux « mains polichinelles » qui a perdu son
parapluie - un parapluie auquel elle tenait beaucoup parce qu'il lui
rappelait sa mère. Je vous le dis tout de suite, elle ne le
retrouvera pas. Sur le tableau des petites annonces, à l'épicerie,
aucun mot n'a été laissé pour signaler qu'un parapluie aurait été
retrouvé. Aucun. Vous voyez, ça, c'est typique des personnages de
Marie-Sabine Roger : ils sont du genre à penser que si
quelqu'un retrouve leur parapluie, il va nécessairement prendre la
peine de rédiger une petite annonce pour retrouver le
propriétaire... En revanche, Harmonie, tel est son nom, tombe sur
une affichette rédigée par une certaine madame Suzain, qui habite
la même rue qu'elle. Cette dernière recherche « quelqu'un
pour deux heures de ménage une ou deux fois par semaine suivant
le cas. » Étrange ce « suivant le cas... »
Harmonie
appelle et tombe sur … Fleur.
Comment
vous décrire Fleur ? Fleur et sa porte blindée neuf points ?
On ne peut pas dire qu'elle soit épanouie... Non pas vraiment. Fleur
est une vieille dame de soixante-seize ans, à moins qu'elle ne soit
en réalité une petite fille qui écrit tous les soirs dans son
journal intime, on ne sait pas au fond. « Admirez sa rondeur
de planète la courbe de ce bras plus dodu qu'un jambon observez sur
sa lèvre supérieure cette fine rosée de sueur la douceur dans ses
yeux d'enfant intimidée qui ne sait pas comme elle devait être
belle à trente ans »
Lorsque
Harmonie l'appelle pour le travail, Fleur entend comme des
aboiements. Pourvu que cette femme n'ait pas l'idée d'amener son chien !…
Comment peut-on imaginer faire du ménage dans ces conditions? Les
gens sont fous à notre époque !... Surtout, si c'était le
cas, ça risquerait de déplaire à Mylord...
En
réalité, Fleur n'a besoin de personne pour son ménage, sa maison
est tenue plus qu'impeccablement. Non, elle veut juste qu'on lui
garde Mylord, son amour de petit chien, le temps d'aller…
Si
vous saviez à qui Fleur rend visite….
Mais...
le sait-elle elle même ?
Allez,
ce roman est délicieux, il se déguste comme une belle part de
gâteau au chocolat recouvert de crème fouettée faite maison :
on salive quand on l'a devant soi, on l'entame avec une émotion sans
nom, on se régale de chaque bouchée, on ne veut pas en perdre une
miette, on regarde avec envie l'assiette de son voisin et une fois
fini, on en reprendrait bien encore un peu !
Et,
bien entendu, on se lamente de l'avoir avalé si vite !
Comme
toujours, les personnages sont de pures merveilles : jamais je
n'oublierai Fleur et Harmonie, mes deux cabossées, mes deux
bracassées. Et je ne vous ai pas parlé du merveilleux Monsieur
Poussin. Lui, j'ose à peine l'évoquer tellement mes mots ne sauront
jamais restituer ce qu'il est. Non, il faut la délicatesse, la
sensibilité et la poésie de Marie-Sabine Roger pour dire qui il
est. Et c'est magique.
Lisez
doucement, régalez-vous, lecteur chanceux de n'avoir pas encore
parcouru la première page de ce roman…
Comme
je vous envie !
Merci de votre belle chronique sur ce dernier roman de Marie-Sabine Roger. POur être sincère avec vous, j'ai lu que le début et la fin car je en veux pas en savoir davantage.. je reviendrais vous lire, quand à mon tour je l'aurais lu.. oui je fais partie des personne que vous pouvez encore envier de ne pas l'avoir lu ...Au plaisir et belles lectures, cécile
RépondreSupprimerMerci Cécile pour votre message. N'hésitez pas à me dire si vous avez aimé ce roman...
RépondreSupprimerA très bientôt!
Marie-Laure