Éditions Points
Avant de lire le second, qui
vient de sortir, je me suis plongée dans le premier livre de Mathieu
Menegaux : lu d’une traite, comme le dit la quatrième de couv’, une petite
soirée pour un texte puissant, une vraie tragédie : on en ressort comme
assommé avec une vague envie de prendre l’air. En parler sans trop en dire,
sans rien révéler : il faut que je m’y tienne.
Claire, quarante ans, j’allais
dire jeune femme, à notre époque, c’est encore le cas, mariée à Antoine qu’elle
aime follement, épanouie dans sa vie professionnelle, sans soucis financiers,
traverse la vie de façon plutôt agréable. Certes, elle vit très mal son absence
d’enfant mais elle a fini par renoncer, souffrant tout de même lorsqu’elle
croise des couples heureux entourés de leur progéniture.
Fatiguée d’une soirée qui
s’éternise chez des amis qui n’en ont que le nom et ne voulant pas obliger
Antoine à renoncer à un digestif, elle décide de rentrer seule à travers Paris.
Sa vie va basculer. Refusant de
parler de son drame, elle va l’enfouir au plus profond d’elle-même et tâcher de
l’oublier. Alors, elle va vivre ou faire semblant. Personne n’y verra rien. Sa
volonté est telle qu’elle en est bien persuadée. C’est elle qui décide. Un trait
dessus et on repart à zéro, comme s’il ne s’était jamais rien passé.
Mathieu Menegaux se glisse de
façon extraordinaire dans l’intimité d’une femme et analyse de façon minutieuse
ses sentiments, ses émotions : on a l’impression de sentir ce qu’elle
sent, de partager son angoisse, son désespoir.
Finalement, que nous dit ce
texte ? Se taire, c’est se tuer : dans tous les cas, même si le
passage à la parole est difficile, il vaut mieux dire la souffrance, la douleur
quelle qu’elle soit plutôt que de la garder au fond de soi, là où,
insidieusement, elle ronge le corps et l’âme un peu plus chaque jour.
Une vraie tragédie comme le
précise la citation en exergue tirée d’Antigone
d’Anouilh « il n’y a plus rien à tenter » : en effet, on a
vraiment l’impression qu’à chaque page, on s’enfonce de façon irrémédiable vers
quelque chose de plus sombre, de plus terrible et dont il sera impossible de se
relever.
Un récit sous forme de confession
qui n’est pas sans quelques maladresses notamment l’introduction de paroles de
chansons auxquelles la narratrice fait référence et qui non seulement semblent
déplacées dans cet univers tragique mais qui en plus ôtent à mon avis de la
crédibilité au récit.
Un livre qui cependant mérite de
retenir toute notre attention.
J’ai hâte maintenant de découvrir
le dernier roman de Mathieu Menegaux qui vient de paraître chez Grasset : Un fils parfait.
Un livre que j'ai bien aimé ( je ne me souviens pas des maladresses)... un livre coup de poing j'avais trouvé!
RépondreSupprimerJe partage ton enthousiasme pour ce roman poignant. Je profite de mon premier passage sur ton blog pour t'avouer que, en dehors de quelques exceptions, je ne connais aucun des auteurs que tu as chroniqués, ne serait-ce que de nom. Loin d'y voir un problème, j'y vois, au contraire, une excellente opportunité de faire de belles découvertes.
RépondreSupprimerPS J'adore l'image : lire, ça donne une meilleure vision du monde. Tout est dit dans ce dessin.