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lundi 13 février 2017

Je me suis tue de Mathieu Menegaux


 Éditions Points

Avant de lire le second, qui vient de sortir, je me suis plongée dans le premier livre de Mathieu Menegaux : lu d’une traite, comme le dit la quatrième de couv’, une petite soirée pour un texte puissant, une vraie tragédie : on en ressort comme assommé avec une vague envie de prendre l’air. En parler sans trop en dire, sans rien révéler : il faut que je m’y tienne.
Claire, quarante ans, j’allais dire jeune femme, à notre époque, c’est encore le cas, mariée à Antoine qu’elle aime follement, épanouie dans sa vie professionnelle, sans soucis financiers, traverse la vie de façon plutôt agréable. Certes, elle vit très mal son absence d’enfant mais elle a fini par renoncer, souffrant tout de même lorsqu’elle croise des couples heureux entourés de leur progéniture.
Fatiguée d’une soirée qui s’éternise chez des amis qui n’en ont que le nom et ne voulant pas obliger Antoine à renoncer à un digestif, elle décide de rentrer seule à travers Paris.
Sa vie va basculer. Refusant de parler de son drame, elle va l’enfouir au plus profond d’elle-même et tâcher de l’oublier. Alors, elle va vivre ou faire semblant. Personne n’y verra rien. Sa volonté est telle qu’elle en est bien persuadée. C’est elle qui décide. Un trait dessus et on repart à zéro, comme s’il ne s’était jamais rien passé.
Mathieu Menegaux se glisse de façon extraordinaire dans l’intimité d’une femme et analyse de façon minutieuse ses sentiments, ses émotions : on a l’impression de sentir ce qu’elle sent, de partager son angoisse, son désespoir.
Finalement, que nous dit ce texte ? Se taire, c’est se tuer : dans tous les cas, même si le passage à la parole est difficile, il vaut mieux dire la souffrance, la douleur quelle qu’elle soit plutôt que de la garder au fond de soi, là où, insidieusement, elle ronge le corps et l’âme un peu plus chaque jour.
Une vraie tragédie comme le précise la citation en exergue tirée d’Antigone d’Anouilh « il n’y a plus rien à tenter » : en effet, on a vraiment l’impression qu’à chaque page, on s’enfonce de façon irrémédiable vers quelque chose de plus sombre, de plus terrible et dont il sera impossible de se relever.
Un récit sous forme de confession qui n’est pas sans quelques maladresses notamment l’introduction de paroles de chansons auxquelles la narratrice fait référence et qui non seulement semblent déplacées dans cet univers tragique mais qui en plus ôtent à mon avis de la crédibilité au récit.
Un livre qui cependant mérite de retenir toute notre attention.

J’ai hâte maintenant de découvrir le dernier roman de Mathieu Menegaux qui vient de paraître chez Grasset : Un fils parfait.

2 commentaires:

  1. Un livre que j'ai bien aimé ( je ne me souviens pas des maladresses)... un livre coup de poing j'avais trouvé!

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  2. Je partage ton enthousiasme pour ce roman poignant. Je profite de mon premier passage sur ton blog pour t'avouer que, en dehors de quelques exceptions, je ne connais aucun des auteurs que tu as chroniqués, ne serait-ce que de nom. Loin d'y voir un problème, j'y vois, au contraire, une excellente opportunité de faire de belles découvertes.
    PS J'adore l'image : lire, ça donne une meilleure vision du monde. Tout est dit dans ce dessin.

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